dimanche 5 novembre 2006

 

Philosophie et littérature

Vendredi soir, j'ai reçu par la Poste un très beau cadeau qui m'a beaucoup touché et qui vient de quelqu'un que j'admire énormément.
Comme je suis quelqu'un qui fait des remises en question en permanence, ce cadeau m'a fait réfléchir sur mes rapports à ce qui touche la littérature et la philosophie.
Je ne suis pas une littéraire, j'ai reçu une formation "scientifique" (bac D à l'époque). Je n'étais pas, au lycée, une "flèche" en français (à peine un petit 13 au bac), malgré une bonne orthographe, due à une boulimie de lecture.

Mais comment être une "livrovore" et ne pas être littéraire?
Et bien, à l'époque, je lisais tout et n'importe quoi (la collection des San-Antonio de papa avant l'âge de 13 ans, ce qui m'a valu une très bonne réputation au niveau argot, les Agatha Christie de maman, le journal de Casanova en je ne sais combien de volumes de tata Catherine, "la case de l'oncle Tom" , "le grand Meaulnes", "létrangleur de Boston" de la copine de ma tante, etc...)
En fait, les auteurs du programmes de l'époque me faisait bailler: Balzac, Stendhal,Flaubert....Les seuls qui trouvaient grâce à mes yeux étaient Zola, Maupassant, Baudelaire, Vian(excessive comme je suis, je me suis "enfilé" leurs oeuvres complètes empruntées à la biblio...)
Mais les "oeuvres imposées" me hérissaient....Je faisais un blocage...Je manquais peut-être d'esprit analytique, en y repensant. Il faut dire que j'étais très jeune.

En terminale, nous avons abordé le pire: la philo.
En fait, notre prof ne nous aimait pas.
Je le sais, il nous l'a dit d'emblée.
Il venait de Paris tous les matins pour une bande de crétins de D, la lie pour la philo (avec les C)
Donc, ils nous a bien prévenu: il ferait ses cours, mais nous on pouvait faire ce qu'on voulait: écouter ou pas, il s'en foutait royalement. D'ailleurs, la plupart du temps, il nous tournait le dos , que ce soit pendant les cours ou les dissertations.
Comme j'étais une bonne fille, j'ai (quand même) tâché de faire un effort de compréhension, en vain. Il faut dire que le premier livre à lire était (je m'en souviens encore 27 ans plus tard): "les fondements de la métaphysique des moeurs" d'Emmanuel Kant.
Dur.
D'ailleurs, en lisant les premières pages, je me suis dit qu'il y avait surement du y avoir un problème avec la traduction (c'est allemand). C'était INCOMPREHENSIBLE. Le prof a commencé à en parler, et là, c'est devenu encore plus obscur.Et pas moyen de lui demander d'approfondir, il "déroulait"son cours, sans plus.

C'est là que j'ai décidé de "larguer" la philo et de faire comme les copains, jouer au morpion ou réviser pour le bac.
De toutes façons, quelques soient les dissertes présentées, je n'ai pas eu, tout au long de l'année, plus de 5/20.
Mon père en devenait fou, j'avais des super notes ailleurs, mais impossible de faire mieux. Heureusemnt que c'était un homme ouvert, il m'a cru quand je disais que le prof se fichait royalement de nous, surtout quand il lui a demandé un RDV pour parler de mes notes et que l'autre a répondu qu'il ne pouvait pas.
Pour le bac, je suis arrivée en me disant "advienne que pourra, le coeff est peu important, la seule chose c'est d'avoir au moins 1/20, le 0 étant éliminatoire"
Deux heures plus tard, je rendais une copie double sur un sujet que l'on n'avait pas étudié en classe: "une expérience de la liberté est-elle possible?"
Première à sortir....et première pour la note! Paradoxalement, j'ai eu 16/20....
Mystères de la philo....


La digression fut longue, mais nécessaire.
Quand je me suis mise à bloguer, j'ai rencontré une personne qui m'a fait ENFIN connaître et aimer la littérature et mis la philo à ma portée. Car, avec elle, JE COMPRENDS!
Elle s'enthousiasme sur un livre? J'ai hâte de le lire.
Elle développe des idées? Des portes jusque là insoupçonnées s'ouvrent dans mon esprit.
Je n'ai pas toujours les mêmes opinions qu'elle, mais n'est-ce pas là l'idée même de la philosophie que de débattre entre la "thèse" et "l'antithèse"?
J'ai même l'impression de mieux réfléchir, et réfléchir, chez moi, à autre chose qu'à la leucodystrophie, me révèle des mondes que j'ignorais et ça embellit ma vie.
Alors, un grand merci à ma chère Holly....

Comments:
je n'ai même pas eu droit à des cours de philo puisque je n'ai fait que des études techniques... j'ai commencé à y tâter (aux philosophes) lorsque mes enfants ont commencé, m'y suis intéressée un peu en continuant "légèrement" après, et bien plus depuis que je lis Holly, alors je vous rejoins Simonne pour lui dire merci également, et merci à vous d'avoir évoqué ce sujet !
 
Simonne, je suis en train de mouiller mon clavier, derrière mon écran. Je suis très touchée. Si vous saviez comme je suis heureuse de vous connaître ! Et pas parce que vous dites des choses bien trop gentilles sur moi.
Vous êtes une personne extraordinaire. Votre blog m'a beaucoup apporté, votre présence m'est essentielle. Je me rappelle d'un jour où j'étais triste à cause de quelque chose, un truc qui devait être publié et finalement pas, et bien vous m'avez écrit un truc qui m'a fait beaucoup de bien.
Vous savez, moi, je n'aurais jamais pu faire un BAC D... Je suis NULLE en maths et tout ce qui est scientifique me donne des boutons.
Mais, aujourd'hui, j'aimerais apprendre.
Pour le livre de Kant, c'était certainement bien traduit. :-) Il écrit comme ça en allemand, je veux dire aussi clairement. :-)))
Je ne suis pas étonnée que vous ayez eu cette note au BAC. Je suis convaincue que vous aviez trouvé la bonne approche pour ce sujet.
Merci Simonne.
A très vite.
Je vous embrasse.
 
Géniale la nouvelle photo !
 
pour moi c'était l'inverse, les maths ne comptaient pas puisqu'en philo mais avec un passion pour les textes anciens.Par contre je ne regrette pas de ne pas en savoir plus sur les maths, trop abstraites pour mon esprit vagabond...
 
un peu la même attitude que toi vis à vis de la philosophie, aggravée par le fait que je suis une "litteraire" et suis d'instinct rebutée par le jargon que les philosophes ont bien du se forger - du coup j'ai tendance à me couper de la profondeur et à me tourner vers les moralistes qui eux ont un style parfait
 
Bonjour Simonne,
c'est très dur d'envisager le questionnement avec l'état d'esprit d'un tel prof. Holy te le diras mieux que moi, mais la philo c'est se posé des questions, pas forcément essayer d'y répondre de façon précise.

Le jargon c'est vrai, à tendance à rebutter mais il y a des petits livres dont l'un d'eux (je ne me souviens plus du nom) qui consiste à poser des questions de façon concrète en vivant des expériences : par exemple s'interrogé sur la perception en regardant la télé sans le son, etc. Plein d'exercice ou la question vient d'elle même, du coup on a plus envie de se pencher sur un raisonnement puisqu'il y a une expérience, ce n'est plus que de la théorie.
 
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