lundi 1 mai 2006

 

Premier Mai, fête du travail!


Chaque 1er mai me remet en tête ce qui m'est arrivé voilà 8 ou 9 ans.
A l'époque, je travaillais dans un service de déments déambulants. (c'est un terme épouvantable, mais c'est le terme exact).
Ces pauvres gens, atteints pour la plupart de la maladie d'Alzheimer, perdent peu à peu leur facultés, mais ont la caractéristique, avant que la maladie ne les en empêche, de déambuler à longueur de journée. Ca les épuise, mais ils ne peuvent s'en empêcher, cherchant on ne sait quoi...Tous ont tendance à vouloir s'enfuir, donc ces services sont des services fermés.
Bref, pour en revenir à ce fameux 1er mai, où je travaillais (leh oui, même pour la fête du travail), je ne sais quel administrateur avait eu l'idée lumineuse de faire distribuer à chaque personne agée de sexe féminin un petit brin de muguet. (Notons quand même la note discriminatoire qui privait les messieurs de la chose...)
Dans les autres services où les personnes étaient lucides, c'était une super bonne idée; chez nous, ça l'était moins. A peine les brins étaient-ils distribués que je vis avec horreur une dame qui mastiquait consciencieusement. Me précipitant, que vis-je? Le brin de muguet dépassait de sa bouche, elle l'avait mâché, tel un brin de persil.
Tout cela pouvait prêter à sourire (et certains ne s'en sont pas privé) si je n'e m'étais pas rappelé la toxicité assez ignorée du muguet.
Et me voilà obligée d'appeler le médecin de garde pour signaler la chose.
Toutes les infirmières me comprendront quand je dis que je me sentais vraiment très mal. Je me doutais du coup: le médecin, comme tous ses congénères, détestait être appelé quand il était de garde, et dans ce cas là, l'IDE en prend plein la tête, que l'appel soit justifié ou non. Ca n'a pas raté, je me suis fait incendier, et il m'a bien dit que tout était de ma faute, que je me doutais bien qu'il y en aurait une qui mangerait le muguet ( ben non, justement, je débutais chez les déments déambulants, et je ne m'en serais jamais douté...)
Bref, surveillance de la dame (et confiscation de tous les brins de muguet du service) et trouille bleue des conséquences, car Monsieur le Docteur ne m'avait pas ménagé (et ne s'était pas déplacé non plus).
Dieu merci, cela a été sans conséquence; j'ai appris depuis qu'il faut en ingérer bien plus d'un brin, lorsqu'on est adulte, pour être empoisonné. Par contre, c'est très dangereux pour les enfants.
Vive le muguet!

Comments:
Merci pour cette histoire. Vous devriez recenser toutes ces anecdotes !
 
Ouh là, il y en aurait trop, et certaines me brisent encore le coeur...
 
ça n'a pas dû être facile tous les jours !
 
Je me doute Simonne que cela doit laisser des traces. Mais je trouve que ces choses sont bonnes à dire et qu'elles expriment la réalité de notre monde.
 
oui c'est vrai d'autres histoires d'infirmiere.Y'a un blog délirant d'un infirmier c'est je crois ron l'infirmier.tu connais?
pour le muguet je suis tranquille, ici y'en a pas.
 
le muguet m'a manquee aujourd'hui...
 
Mariel, c'est un métier très beau mais usant, dans le sens propre du terme! Les infirmières souffrent même d'une pathologie spécifique, le "burn-out" (littéralement "consumé").
Ardvisura,il faut que tu me donnes l'adresse du site!
Dorothée, il n'y a pas de muguet au Texas? C'est peut-être une plante européenne (je suis nulle en botanique, à vrai dire), mais ne peut-on en faire pousser?
 
On en rigole maintenant, mais c'est sur que sur le moment, ça ne devait pas être la joie.
En tout cas que ce muguet te porte chance et bonheur.
 
c'est ici.
j'y vais de temps en temps et je ne suis jamais decue
http://ron.infirmier.free.fr/modules/news/
 
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